Survivaliste Benoit

Par Richard Therrien, Le Soleil

CHRONIQUE / Avez-vous peur des tremblements de terre? De la bombe atomique? De la fin du monde? Ceux qu’on appelle les survivalistes ont tout prévu en cas de cataclysme : ils sont prêts. Dans la série docu-réalité Survivalistes, diffusée dès mercredi à 19h30 sur Moi et cie, l’acteur Patrice Godin nous en fait connaître quelques spécimens, des plus lucides aux plus alarmistes.

«Arrêtez de faire l’autruche, ça s’en vient», nous prévient Christine, qui vit avec son conjoint Claude dans un endroit qui n’est pas identifié; les survivalistes vivent généralement en retrait, à l’abri des attaques. Si le couple a choisi de vivre à plus de 850 mètres d’altitude, c’est pour éviter les tsunamis et même les nuages radioactifs. Pour eux, le déluge du Saguenay et la crise du verglas ne sont que des signes qu’il y a pire à l’horizon. Auriez-vous oublié la tempête solaire de 1989? Le couple refuse de se dire paranoïaque, mais fonde ses craintes à partir des nouvelles dont il s’abreuve tous les jours à LCN.

Je n’ai pu m’empêcher de sourire en voyant les moyens parfois démesurés employés par les personnes rencontrées, qui semblent parfois membres d’une secte. Ce qu’on constate, c’est qu’il ne faut pas être pauvre pour vivre de survivalisme, comme Benoît et Nancy, qui se disent aussi autonomistes, sur leur domaine. Le couple nous invite à vivre sans électricité un seul week-end pour mesurer les conséquences d’une panne majeure. Si ça ne vous fait rien, je vais passer mon tour. Chose certaine, Benoît est prêt à toute éventualité : des lapins qui se reproduisent assureront les repas pour longtemps. Et contre les maraudeurs qui voudraient piller ses biens? Gare aux câbles qui entourent sa propriété, et qui font entendre un bruit de coup de feu quand quelqu’un ose s’approcher.

D’une grande ouverture, Patrice Godin ne juge jamais ceux qu’ils rencontrent et a même retenu des trucs précieux de leurs enseignements. Mais il avoue avoir été perplexe dans le cas de Bruce, un survivaliste qu’on verra au deuxième épisode et qui a construit un bunker sous terre. Cet Américain qui vit en Ontario a même prévu un «cry room», une pièce grande comme un placard, destinée aux enfants agités ou en détresse. Interprète d’un psychopathe qui gardait ses victimes captives dans son sous-sol dans District 31, Patrice Godin préférerait mourir que de se réfugier dans un tel bunker en cas de fin du monde.

Le cas de Michaël semble beaucoup plus modéré. L’ancien militaire qui gère une école de survie à Portneuf tente de briser les préjugés à l’endroit des survivalistes. Et contrairement aux autres, il est capable de vivre avec le minimum. Chacune de ces personnes a ses raisons pour adhérer à cette philosophie, et vous les connaîtrez à travers les rencontres. Et si vous ne savez pas ce qu’est un bris de normalité, vous le saurez en regardant Survivalistes, qui se déploie en 10 demi-heures, réalisées par Félix Trépanier chez Trio Orange.

CES HÉROS DU 911

L’appel d’Alexandre Bissonnette au 911 a frappé l’imaginaire quand il a été rendu public. Plusieurs ont souligné le calme et le contrôle dont a fait preuve le répartiteur, Simon Labrecque, qui a tenu en ligne l’auteur de la tuerie durant 50 longues minutes.

Aussi diffusée sur Moi et cie, mais à 22h dès mardi soir, la série Première ligne : chaque seconde compte s’intéresse à ces héros de l’ombre, de trois centrales 911, à Québec, Laval et Sherbrooke. Là aussi, on est dans la survie, mais surtout dans l’urgence. Que ce soit pour un feu dans un barbecue, une victime d’extorsion par Internet ou une tentative de suicide, les répartiteurs doivent trouver le bon ton, poser les bonnes questions, tout en gardant leur sang-froid. Un travail colossal de coordination.

C’est la première fois qu’un docu-réalité donne accès à ces lieux névralgiques. On est véritablement happé par la série, qui traduit bien l’urgence et le chaos dans lesquels baignent chaque jour les répartiteurs. Sur place sur une période de 10 mois, les caméras nous font témoins des appels, mais aussi du travail des policiers et des ambulanciers sur le terrain. 

Bien entendu, on a de plus en plus affaire à des cas de troubles mentaux; quand une femme appelle d’un hôpital pour prévenir qu’on tente de faire une injection à son frère contre son gré, on comprend vite que ça provient de l’aile psychiatrique. Certains cas plus singuliers peuvent faire sourire d’emblée, mais ne sont pas drôles du tout. Comme celui d’un garçon de trois ans qui s’est coincé la tête dans un contenant de plastique, causant la panique de ses grands-parents.

Annie, qui travaille depuis 14 ans à la centrale de Sherbrooke, affirme devoir mettre ses émotions de côté pour ne pas lésiner sur l’organisation. Mais elle admet que les cas d’enfants et d’adolescents, ou ce qui touche les personnes âgées peuvent être plus difficiles à oublier, une fois le travail terminé.

Les 15 demi-heures ont été produites chez Hyperzoom, d’où provient l’excellente série Infractions, sur le travail des avocats, actuellement diffusée le jeudi à 21h30 à TVA. Catherine Dubé Nadeau produit avec sa mère Marie Nadeau, qui réalise la série. Je suis sorti du visionnement plein d’admiration pour ces personnes qui sauvent littéralement des vies.

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